NOTES SUR RENAISSANCE

 

 

J’ai commencé le film «Renaissance» au mois de septembre 1973. Je venais d’achever mes études de graphisme à l’école des Arts Décoratifs de Genève et mes démarches pour obtenir un permis de travail en Suisse(j’avais encore, à cette époque, la nationalité libanaise) se soldaient par un échec. De toute façon, j’avais en tête de nombreux projets de livres et un scénario pour un film d’animation, et je ne m’imaginais pas passant ma vie à faire de la publicité. C’est dans ces circonstances que j’ai appris la création, à l’école des Beaux-Arts de Genève, d’un nouvel atelier consacré aux moyens d’expression audio-visuels. Je ne pouvais espérer meilleure issue.

 

La réalisation de ce film devait se faire durant l’année scolaire 1973-1974. Cela me paraissait suffisant, mais c’était sans compter avec la préparation des décors et des personnages qui m’a occupé durant tout le premier semestre. , celui de la chambre à coucher, a été le plus long à réaliser (deux ou trois mois). a été dessiné en une quinzaine d’heures de travail ininterrompu durant la nuit de Noël 1973. Je me souviens avoir écouté toute la nuit, quasiment en boucle, le Requiem de Brahms (dirigé par Ernest Ansermet) et la Troisième symphonie de Mahler (par Leonard Bernstein).

 

Pour l’illustration sonore du film, j’avais choisi des extraits du Requiem de Gyorgy Ligeti (dirigé par Ernest Bour). Aucun des professeurs que j’avais interrogés n’avait pu m’informer des conditions d’utilisation d’une musique enregistrée et, quand je m’en suis inquiété,on m’a même répondu que les droits d’auteurs ne devaient être payés que lors d’une projection publique et que, pour les cinq minutes que durait mon film, la somme serait pour ainsi dire symbolique. De toute évidence, ils ignoraient que l’usage d’un morceau de musique est soumis au préalable à l’obtention d’une licence et que le prix de cette licence est tout sauf symbolique.

 

Je l’ai appris à mes dépens deux ans plus tard. Mon professeur avait fait passer mon film à la télévision et avait reçu à cette occasion la somme de 1000 francs suisses dont il m’avait donné la moitié, gardant l’autre moitié pour les dépenses imprévues de son atelier. Quelques mois plus tard, je recevais une lettre de la Suisa (société suisse pour les droits des auteurs d’œuvres musicales) qui constatait que j’avais utilisé comme illustration sonore de mon film une œuvre pour laquelle je n’avais pas déposé de demande de licence. Ils me réclamaient, a posteriori, la somme de 4000 francs. On était en 1978 et mon temps était presque entièrement consacré à la réalisation de mon livre Tch’eng Wang le Fou. Les petits travaux que je faisais à côté ne me rapportaient pas assez pour que je puisse envisager de réunir seul une telle somme. J’exposai donc mon problème au directeur de l’école, mais celui-ci me répondit que cette affaire ne le concernait pas.

 

Il ne me restait plus qu’une chance de me sortir de ce mauvais pas, qui était d’écrire au compositeur, Gyorgy Ligeti, et de lui expliquer mon cas. Ce que je fis, joignant à ma lettre un petit livret composé d’un choix de photos collées sur carton noir et réunies par une reliure en spirale – ce livret n’est autre que le résumé en images que je présente dans ces pages.

 

Quelques semaines plus tard je recevais , un petit mot aimable et sympathique que je reproduis ci-contre. Le compositeur renonçait à ses droits et demandait à l’éditeur de faire un geste. J’ai attendu quelques semaines encore avant d’avoir la réponse des éditions Peters. Ils m’accordaient un droit d’utilisation pour une période de dix ans, limitant en outre ce droit aux projections gratuites uniquement, en vertu de quoi ils ne me réclamaient plus que 500 francs (ou peut-être 1000, je ne me souviens plus très bien), au lieu des 4000 prévus initialement. Ce fut pour moi le prix d’une leçon, qui valait plus qu’un fromage sans doute, mais il me reste finalement cet autographe de Ligeti que je conserve précieusement.

 


 

Ce film présente des défauts qui sont dûs évidemment à mon manque d’expérience dans ce domaine, mais aussi au fait que je le réalisais dans le cadre d’une école et que je devais présenter mon travail à la fin de chaque semestre. L’animation a été faite directement sous la caméra, ce qui m’obligeait à refaire entièrement les scènes ratées. La séquence de la croissance du tube digestif devait être animée par fondus enchaînés. Des variations de lumière trop importantes dans ces fondus m’ont obligé à monter la séquence d’une manière plus saccadée. L’année scolaire touchait à sa fin et je n’avais plus le temps de refaire la scène. La séquence de la formation des veines et des artères, jusqu’à l’apparition des muscles et de la peau, a été abrégée pour les mêmes raisons.

 

Malgré ces défauts évidents, «Renaissance» a été choisi par la fondation Pro Helvetia pour faire partie d’un programme présentant des films d’animation suisses. Ce programme a été projeté pendant plusieurs années dans différentes villes du monde. Les projections n’étaient pas payantes et entraient dans le cadre de mon arrangement concernant la musique de Ligeti.

 

 

 
 

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