AVANT-PROPOS

PREMIÈRE PARTIE

 

Quand on compare entre elles les civilisations de Chine et d’Occident, on ne peut manquer d’être frappé par leur opposition constante et presque toujours symétrique. Il semble en effet que, quoi que nous disions, quoi que nous fassions, les Chinois disent et font le contraire: «quand ils construisent une maison, ils commencent par le toit; quand ils sont en deuil, ils portent des vêtements blancs; ils écrivent de haut en bas et de droite à gauche; pour saluer quelqu’un, ils se serrent leur propre main, etc.» Cette énumération, que j’emprunte à Simon Leys, est loin d’être exhaustive et l’on pourrait y ajouter de nombreux exemples, à commencer par celui de la boussole dont le nom chinois signifie – on l’aurait parié – «l’aiguille qui indique le sud».

 

Ce qui nous étonne, ce n’est pas que les Chinois soient différents de nous – tous les peuples le sont plus ou moins – mais c’est que ces différences finissent par tisser, paradoxalement, tout un réseau de correspondances semblables à ces jeux complexes de lignes et de points qui, dans les traités d’optique ou dans les manuels de géométrie descriptive, relient entre eux l’objet et son reflet. Monde à l’envers, culture aux antipodes de la nôtre comme dit encore Simon Leys, la Chine côtoie dans notre imaginaire ce pays entrevu dans l’embrasure des miroirs, dans lequel tous nos repères se trouvent inversés et que, enfants, nous rêvions de visiter.

 

On ne passe pas de l’autre côté d’un miroir – il n’y a pas d’autre côté. Le regard croit pouvoir s’y aventurer mais il en revient nécessairement, c’est là tout le miroir. L’espace que nous voyons s’ouvrir devant nous s’étend en réalité derrière nous, les êtres qui l’habitent se tiennent à nos côtés; leur monde est le nôtre et s’il nous paraît quelquefois insolite ou mystérieux, ou s’il se révèle de nature à nous faire rêver, c’est au monde réel que ces mérites reviennent de droit. Le mérite des miroirs est ailleurs et d’abord dans leur fonction première qui est d’introduire dans notre champ visuel des objets ou des parties d’objets qui en étaient exclus. A leur manière, ils rendent visible l’invisible. Ils ne doublent pas inutilement l’univers où nous vivons, comme on serait tenté de croire: ils dédoublent plutôt le regard que nous posons sur lui, ils en multiplient les points de vue et augmentent d’autant plus les chances que nous avons de le comprendre. Ainsi, convenablement disposés, ils révèlent au visiteur d’un musée la face cachée des pièces autour desquelles il ne peut circuler. C’est là tout le sens de leur évocation en tête de ces pages.

 

Dans le miroir de la Chine c’est notre visage que nous scrutons, et c’est une face méconnue de nous-mêmes que nous découvrons dans un jeu de reflets qui nous intrigue d’abord et nous amuse, comme font tous les jeux, mais dont nous nous prenons bientôt à rechercher la règle. Commence alors une quête qui est le véritable fil conducteur de ces paragraphes, une suite de textes qu’il semble à première vue difficile de classer dans un genre particulier: essai est encore le mot qui convient le mieux, si l’on veut bien entendre par là une tentative à l’issue incertaine. Journal sans date, dont l’écriture et la calligraphie constituent le premier objet d’étonnement.

 

 

 
  

Introduction · Table · Résumé · Estampes · Paragraphes · Texte brut · Notes | Accueil · Sommaire · Téléchargement · Liens | Impressum

tchengwang.com

Menu

·

111 paragraphes

 

Sommaire

 

Tch’eng Wang le Fou

 

111 paragraphes

 

Voiles

 

Travaux graphiques

 

Renaissance

 

Téléchargement

 

Liens

 

Impressum · Contact

 

Introduction

 

Version images

 

Version texte

 

Notes sur Tch’eng Wang

 

Dessins préparatoires

 

Plaques

 

Introduction

 

Table des matières

 

Résumé

 

Estampes (calligraphies)

 

Avant-propos (1re partie)

 

Avant-propos (2e partie)

 

Avant-propos 1984

 

36 paragraphes

 

75 nouveaux paragraphes

 

Post Tenebras Lux

 

Texte brut

 

Notes sur les 111 paragraphes

 

Affiches Post Tenebras Lux

 

Introduction

 

Version texte

 

Introduction

 

Logotypes

 

Introduction

 

Résumé en images

 

Film

 

Notes sur Renaissance

 

Introduction

 

Table des matières

 

Résumé

 

Estampes (calligraphies)

 

Avant-propos (1re partie)

 

Avant-propos (2e partie)

 

Avant-propos 1984

 

36 paragraphes

 

75 nouveaux paragraphes

 

Post Tenebras Lux

 

Texte brut

 

Notes sur les 111 paragraphes

 

Affiches Post Tenebras Lux

 

Téléchargement

FreeCounter