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C’est bien de portrait qu’il s’agit. Les mots ont une physionomie, un nom, une histoire, un sens, — une âme. Sans doute ne sont-ils pas des êtres à part entière puisqu’ils ne peuvent ni penser ni vouloir. Mais nous leur accordons nous-mêmes ce pouvoir lorsque nous nous demandons ce qu’ils veulent dire, et nous les animons de notre propre vie par l’acte même qui nous permet de les appréhender: je veux parler de ce mouvement qui nous porte insensiblement à mimer le sens qu’ils véhiculent, à nous identifier aux êtres ou aux choses qu’ils désignent et à éprouver à chaque fois les sentiments qui leur sont comme naturellement liés. Il semble en effet que nous ne comprenions pas les mots si nous n’en sommes pas de quelque manière affectés, comme si, au fond de nous, nous ignorions encore tout du langage et demeurions incapables de franchir seuls la distance qui sépare l’audition de l’entendement.
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