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«La voie engendra le un, le un engendra le deux, le deux engendra le trois et le trois engendra les dix-mille êtres.». Le chapitre 42 reçoit en Chine des interprétations différentes, selon que l’on choisit de se référer au courant de pensée confucianiste ou qu’on lui préfère la tradition taoïste. Pour le premier, l’unité c’est la Voie et la dualité qui en est issue c’est le ciel et la terre; quant au problématique troisième terme, c’est l’homme qui, à mi-chemin entre ciel et terre, prend une part active dans le fonctionnement harmonieux de l’univers. De son côté la tradition taoïste enseigne que l’unité primordiale s’est divisée en deux — yin et yang —, le trois étant le vide médian, cher à François Cheng, qui seul rend possible l’interaction de ces deux principes. Je dois avouer que je reste perplexe face à ces explications scolastiques qui me font irrésistiblement penser au mystère de cette autre Trinité, au sein de laquelle le Père engendre le Fils tandis que de leur amour naît le Saint-Esprit. Il doit y avoir une manière plus simple de dire les choses. Je n’arrive pas à croire que la pensée d’un peuple si concret puisse prendre sa source dans une théorie si abstraite. Il me semble que, pour être chargés d’un symbolisme aussi puissant, les nombres ont dû paraître, à l’origine, solidement ancrés dans la réalité. Ils devaient évoquer, il y a trois mille ans, un vécu partagé par tous.
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