RÉSUMÉ

 

LES 111 PARAGRAPHES AUTREMENT DITS

 

 

 

Je résume ici en quelques mots, et dans un ordre différent de celui de leur présentation, quelques unes des réflexions que ces paragraphes proposent par petites touches impressionnistes et de manière si fragmentée que le lecteur risque, en les parcourant, de ne pas les remarquer ou de n’en pas saisir le fil conducteur.

 

Je ne suis ni sociologue ni sinologue et je n’entends rien à la philosophie. Le point de vue que j’adopte (le seul que je revendique ici) est celui de l’artiste. Les arbres de Corot ou ceux de Mondrian traduisent une certaine vérité de l’arbre qui, pour être plus libre et plus personnelle, n’est pas moins réelle que celle que décrit le dessin d’un botaniste ou que saisit l’objectif d’un photographe. Ces trois visions sont toutes également proches de la réalité. Elles en sont toutes également éloignées.

 


 

Durant les mois qui précédèrent notre naissance, et durant ceux qui suivirent, nous vivions dans ce que les psychologues appellent le «moi-tout», un état de perception globale et immédiate, d’indifférenciation et de symbiose totale entre nous-mêmes et notre environnement. Les rumeurs du monde extérieur (que nous ignorions alors nous être extérieur) se mêlaient à notre activité intérieure, à la circulation du sang et aux énergies qui se conjuguaient pour construire, suivant un programme déterminé, ce corps vivant qui était notre univers, qui était tout l’univers.

 

Notre naissance n’est pas le vrai commencement, elle n’est qu’une étape du long processus de notre venue au monde. Mais c’est un moment important à partir duquel nos sensations n’ont cessé d’augmenter en nombre et en intensité. Nous devenions soudain infiniment grands, notre être se trouvait projeté aux confins du monde visible — avant que nous ne comprenions que notre corps était limité dans l’espace et que tout ce que nous percevions au-delà de ses limites n’était pas lui, n’était pas nous. L’unité primordiale devint alors dualité et l’univers se trouva partagé en un «ici» et un «en face».

 

Plus tard nous avons dû nous rendre à une autre évidence: l’univers n’était pas seulement présent et visible, il avait une autre part, que nous nommerons «l’absent», constituée de tout ce qui fut et qui n’est plus, de tout ce qui est mais que nous ne percevons pas, de tout ce qui sera et que nous concevons, et de tout ce que nous imaginons mais qui n’existe pas. Le troisième terme, l’absent, ouvrait la porte à la dimension infinie du réel ainsi qu’à celle de l’irréel.

 

Si nos premières sensations n’avaient pas encore de sens, c’est néanmoins à partir d’elles que nous avons construit notre représentation du monde. Nous décryptons la nouveauté à la lumière de l’expérience acquise, et c’est avec des mots connus que nous tentons d’abord d’expliquer l’inconnu.

 

Nous étions tout avant le partage du «moi-tout» en un ici et un en-face, et nous avons continué d’être tout après, nous reconnaissant tout à la fois dans cet ici et cet en-face. De ce départ nous avons conservé la faculté de nous identifier aux êtres et aux choses que nous percevons par un mouvement mimétique qui demeurera toute notre vie notre façon d’appréhender le monde. De là viendrait aussi cette tendance primitive et magique de notre esprit à croire que les choses sont animées ou que nous pouvons agir sur elles à distance. Enfin, on peut conjecturer que la dichotomie de l’unité première fut également à l’origine de la notion de nombres.

 

Nous sommes passés en quelques mois du Un au Deux, puis du Deux au Trois et à la multiplicité qui en découle (le pluriel, en arabe, commence à trois), et il ne fait pas de doute que cette transformation, qui touchait à notre intégrité, fut notre première expérience des nombres — même si ceux-ci n’ont pu être conceptualisés que plus tard, lorsque la vision globale de l’hémisphère droit de notre cerveau a lentement cédé du terrain au regard analytique de l’hémisphère gauche.

 

C’est l’hémisphère droit qui s’est développé le premier. Son univers est celui de l’enfance, de l’émotion et de l’imagination. Cet univers était encore, dans une certaine mesure, celui dans lequel étaient plongées les populations faiblement alphabétisées de l’Europe médiévale — d’où il ressort que, si la spécialisation de la main droite dans le maniement des outils a probablement contribué à l’éveil de l’hémisphère gauche, c’est l’apprentissage de l’alphabet qui a certainement favorisé le développement de la pensée analytique et objective propre au cerveau gauche et lui a assuré la position dominante que nous lui connaissons dans la société où nous vivons. Dans ce processus deux facteurs ont eu une influence décisive: la généralisation de l’école obligatoire et l’alphabétisation précoce de toutes les couches de la société.

 

De nos jours, le petit Occidental découvre l’alphabet avant même d’être en âge d’aller à l’école. Très tôt on lui met entre les mains des cubes de bois ou de plastique dont les faces colorées portent chacune une lettre de l’alphabet qu’on lui apprend à reconnaître, en commençant par les voyelles. Mais qu’est-ce qu’un A, un O ou un I? Où peut-on en trouver ailleurs que sur ces cubes? Il lui faut s’adapter à cette nouvelle réalité. Le monde qui en résulte ne peut pas être le même que celui du petit Chinois qui apprend à dessiner un bonhomme qui marche pour signifier «ren» (un être humain), ou qui ouvre les bras pour signifier «da» (grand).

 

Les pictogrammes chinois les plus simples parlent même à ceux qui n’ont pas appris à les lire. Les signes qui représentent le soleil, la lune, le ciel, l’arbre, l’homme ou la femme sont des exemples d’une écriture naturelle qui atteint son but de manière immédiate en dessinant les objets qu’elle a pour charge de désigner. Elle est naturelle car elle découle naturellement de l’état premier de l’humanité, les figures qui la composent sont perçues globalement et agissent en sollicitant le mime qui est en nous — d’une certaine manière c’est nous qui jouons leur rôle, et c’est ainsi que nous les comprenons.

 

Les signes de l’alphabet sont une écriture au second degré. Il a fallu pour les obtenir analyser les sons de la langue parlée, distinguer les consonnes des voyelles et attribuer à chacun de ces éléments phonétiques un signe de reconnaissance conventionnel et, pour tout dire, arbitraire. Comparés aux milliers de caractères qui servent à noter le chinois, ces deux ou trois dizaines de signes alphabétiques présentent un avantage économique indéniable. Il n’est pas étonnant qu’ils aient conquis le monde.

 

Chaque système d’écriture développe en nous les facultés qu’il sollicite le plus, favorisant ainsi une certaine vision du monde qui lui est propre. L’analyse et la recomposition de la chaîne parlée sont des fonctions du cerveau gauche qui est (en simplifiant beaucoup) celui du pragmatisme scientifique, tandis que la reconnaissance des images et des figures emblématiques que l’on appréhende dans leur globalité fait intervenir le cerveau droit, celui de l’analogie, de la métaphore et de la sensibilité artistique. La Grande Muraille ne traverse pas seulement la Chine d’est en ouest, elle passe aussi par le milieu de notre cerveau. Et, comme sur nos cartes de géographie, la Chine se trouve à droite.

 

Des sensibilités différentes ont donné naissance à des civilisations que tout semble opposer. Ce n’est pas tant le contenu de leurs cultures respectives qui diffère et l’on trouve évidemment, de part et d’autre, des médecins qui soignent, des poètes qui écrivent, des peintres qui peignent, des musiciens qui font de la musique, des souverains qui font la guerre et asservissent les peuples, des riches qui sont riches et des pauvres qui sont pauvres. Mais tout est dans la manière, et celle-ci illustre et amplifie à tous les niveaux l’opposition qui découle naturellement du choix d’une écriture — analytique, comme est l’alphabet, ou au contraire synthétique, comme sont les idéogrammes chinois.

 

Le Chinois perçoit l’univers comme un tout dynamique fait de flux d’énergie, d’échanges, de mutations. Le regard volontiers tourné vers l’intérieur, il est attentif aux changements qu’il observe en lui autant qu’aux variations du milieu où il évolue. Conscient que la vie s’éprouve mais ne se voit pas, il a développé sa médecine à tâtons, pourrait-on dire, les yeux fermés. Au culte de l’objet il préfère la culture du sujet — un sujet demeuré le même qu’aux premiers mois de la vie et qui n’a jamais vraiment coupé les liens qui l’unissent à ce qu’il perçoit «en face». Cela se traduit par une vision globale du monde qui laisse la part belle à l’intuition, aux images et au mimétisme, qui privilégie d’une manière générale les facultés du cerveau droit, que ce soit dans les domaines de la peinture et de la calligraphie ou dans ceux de la musique, de la poésie ou de la philosophie (les notions de Yang et de Yin n’ont rien d’exotique si l’on veut bien reconnaître en elles ce que nous nommions ci-dessus l’en-face et l’absent).

 

***

 

Petite parenthèse. Yin et Yang désignaient à l'origine les deux versants d'une colline, Yang le côté exposé au soleil, Yin celui qui demeure dans l'ombre. Si nous abandonnons un instant notre vision objective pour adopter un regard mimétique, nous sommes nous-mêmes la colline: le Yang est la face (la nôtre) qui voit (d'où nous voyons) le soleil, le Yin est la face (le dos, plus exactement) qui ne voit jamais la lumière. Le Yang est donc ce que nos sens perçoivent et dont nous avons conscience, le monde devant nous, la réalité que nous pouvons saisir à bras-le-corps. Le Yin est, au contraire, l’absent, l’invisible, l’inconnu, la part obscure de l’univers, celle qui demeure cachée, soustraite à notre regard — celle commence derrière notre dos (paragraphe 95, à propos du chapitre 42 du Tao Te King).

 

***

  

L’Occidental ne croit qu’à ce qu’il voit; et il ne voit que des objets, c’est-à-dire des réalités extérieures à lui, qu’il tient à distance afin de mieux les observer. Sa compréhension du corps humain et de ses mécanismes provient principalement de la dissection de corps sans vie, de corps-objets. Les facultés qu’il privilégie sont celles du cerveau gauche: observation objective, analyse, déconstruction sont les maîtres-mots de son rapport au monde, que ce soit dans le domaine des sciences — comme le montre, entre autres, la notion éminemment «alphabétique» d’une matière composée d’atomes imaginée par Démocrite — ou dans celui des arts: la gamme tempérée, la fugue et le contrepoint, les recherches des pythagoriciens sur les rapports qui unissent musique et nombres, celle des peintres de la Renaissance sur les lois de la perspective ou celles des Impressionnistes sur la perception des couleurs, tous ces exemples tendent à prouver que c’est dans l’hémisphère opposé à celui de la Chine que l’Occident a établi son observatoire.

 

Un Chinois et un Occidental ne sont pas génétiquement différents. Ils connaissent le même temps de gestation et leur venue au monde se passe dans les mêmes conditions. Mais quand ils deviennent capables de transmettre ce vécu, la langue et l’écriture ont déjà accompli leur œuvre formatrice. Le regard qu’ils posent sur leur origine et la vision du monde qui en découle ne peuvent qu’être, dès lors, aussi dissemblables que sont leurs systèmes d’écriture.

 

Les mythes qui racontent le commencement du monde sont des récits mimétiques qui décrivent le lent processus de mise en place de l’univers où nous vivons. Il n’y a pas d’imagination sans mémoire. C’est notre propre expérience et ce sont nos souvenirs d’avant le langage que ces récits essayent de mettre en mots.

 

Comme le rappelle Hubert Reeves, l’image d’un chaos initial qui se métamorphose progressivement en un univers organisé se retrouve dans plusieurs récits traditionnels. Elle est commune aux Egyptiens, aux Indiens d’Amérique du Nord, aux Sumériens. Le chaos est souvent représenté par une image aquatique, par exemple un océan plongé dans l’obscurité. La métaphore de l’œuf est aussi fréquemment utilisée. A l’intérieur de l’œuf, un liquide apparemment informe devient un poussin. Dans ces mythologies, le chaos est assimilé à l’eau et à l’obscurité.

 

Le texte de la Genèse ne dit pas autre chose: «Au commencement Dieu créa le ciel et la terre. Or la terre était un chaos, et il y avait des ténèbres au-dessus de l’abîme, et le souffle de Dieu planait au-dessus des eaux. Dieu dit: “Que la lumière soit”, et la lumière fut.»

 

L’auteur de la Genèse décrit de manière imagée le monde sans forme, vide et obscur, dans lequel nous prenions forme. Nous étions immergés dans l’élément liquide tandis que nous entendions le souffle de notre mère se mouvant au-dessus des eaux. Sa voix aussi nous parvenait, des sons, des mots incompréhensibles et enfin ce cri qui, tel un appel, nous sortit de notre léthargie et nous amena à la lumière. Alors le jour se sépara de la nuit et le solide du liquide. Autour de nous le monde se mit en place, un décor composé d’objets que nous apprîmes à nommer un à un pour les faire exister. Car — ce texte est peut-être le premier à dire cette intuition — c’est la faculté que nous avons de nommer et de distinguer les choses qui est véritablement créatrice, c’est elle qui nous a donné les moyens de distinguer dans la continuité du réel les éléments qui allaient composer l’univers où nous vivons.

 

Un texte a connu, en Chine, un destin semblable et une influence comparable à celle qu’a eue la Bible en Occident. Il s’agit du "Tao Te King" de Lao Tseu (Laozi), dans lequel on trouve deux passages qui évoquent à leur manière le commencement du monde. Le premier, au début du chapitre 25: «Quelque chose de confus et mélangé était là, avant la naissance du ciel et de la terre. Fait de silence et de vide, seul et immobile, circulant partout sans s’user, capable d’être la genèse de l’univers.» Le second, aux premières lignes du chapitre 42: «La voie engendre le un, le un engendre le deux, le deux engendre le trois, trois engendre la multiplicité des êtres.»

 

On reconnaît dans ces deux extraits la description qui a été esquissée au début de ce résumé: nous étions cette chose confuse qui était là avant la naissance du ciel et de la terre, seule et immobile, traversée cependant d’une énergie circulant partout sans s’user; nous nous sommes révélés capables d’être la genèse de l’univers; nous avons été cette unité primordiale qui a engendré le deux en se séparant en un «ici» et un «en-face», puis est devenue trois en découvrant «l’absent», terme capable d’englober la totalité des êtres et des choses.

 

Ces deux récits racontent la même histoire, leurs auteurs ont vécu la même expérience, mais ils observent la scène de points de vue diamétralement opposés. Le texte chinois nous fait revivre de l’intérieur les différentes étapes qui nous ont conduits de l’unité indifférenciée du "moi-tout" à la multiplicité des êtres et des choses. Du côté occidental (le Proche-Orient, d’où provient la Bible, est situé à l’Ouest de la Chine et la culture que ce livre a nourrie est celle de l’Occident) le texte fait surgir l’un après l’autre les objets qui peuplent notre univers. Une voix les appelle et ils apparaissent devant nous, autour de nous, jusqu’à former le monde qui nous est familier. L’histoire se prolonge d’ailleurs au-delà de la naissance et met en scène le passage de l’enfance à l’âge adulte. Tout y est, le paradis merveilleux de nos premières années, le temps de l’obéissance puis celui de la transgression des interdits et de l’affirmation de soi, les désillusions de l’adolescence et la découverte de la dure réalité de l’existence: le travail, la douleur, la vieillesse et la mort.

 

***

 

J'ouvre ici une parenthèse: si l'on en croit les témoignages de ceux qui, à l'autre porte de la vie, ont connu ce qu’il est convenu d’appeler une expérience de mort imminente (le tunnel obscur, la vive lumière au bout, les êtres chers qui nous y attendent, leurs mains qui se tendent pour nous accueillir... ), il semble bien que, au moment de prendre congé de la vie, nos impressions les plus vives sont encore celles par lesquelles tout a commencé — fin de la parenthèse.

 

***

 

Bien sûr, ce qui fait la particularité d’un peuple ou d’une culture ne saurait se réduire à l’adoption d’un système d’écriture alphabétique ou idéographique. Toutefois, se situant en amont de son histoire, ce choix a certainement joué un rôle beaucoup plus important que celui qu’on veut bien lui reconnaître. Nous ne pensons pas comme nous voulons et nous ne développons pas les mêmes idées selon que nous sommes assis ou que nous marchons. Et, de même que certains mouvements développent certains muscles, certaines activités favorisent certains types de pensées. L’écriture fait partie de ces activités qui nous sont devenues une seconde nature au point que nous en oublions combien leur apprentissage nous a coûté et dans quelle mesure cet apprentissage nous a formés ou déformés.

 

Ce résumé s’achève par l’évocation de la calligraphie: c’est le point par où commencent les paragraphes, et c’est aussi celui où ils finissent.

 

L’écriture est la part visible du langage et, de ce fait, comme tout ce qui atteint nos yeux ou nos oreilles, elle peut devenir objet d’appréciation esthétique ou matière à création artistique. Et pourtant, tandis qu’en Chine l’écriture est estimée comme un art à part entière et probablement le plus noble de tous les arts, en Occident la calligraphie n’a jamais été considérée autrement que comme un artisanat, un art décoratif incapable de saisir et de restituer toute la gamme des sentiments et des émotions qu’il nous est donné d’éprouver. Cette différence de statut ne peut manquer d’intriguer. Mais la comparaison est inégale et, pour tout dire, injuste.

 

Au lieu de s’étonner de ne pas trouver en Occident un art de la calligraphie comparable à celui de la Chine, il faudrait plutôt rechercher ce qui dans les deux mondes manifeste le mieux le génie propre à chacune de ces cultures, dans le domaine particulier de l’écriture et du signe. Il apparaîtrait alors que, si l’Occident n’a jamais connu un véritable art d’écrire, la Chine, de son côté, a ignoré jusqu’à un passé récent celui de la typographie, même si c’est sur son sol que cette technique a vu le jour.

 

Les caractères chinois sont des peintures et, soit que nous reconnaissions en eux des formes déjà vues, soit que leur mouvement suscite en nous l’ébauche d’un mouvement semblable, ils agissent sur nous comme font les peintures. L’art qui les met en scène est donc pictural par nature. De son côté, l’Occident a pratiqué la calligraphie par nécessité, mais le travail de ses calligraphes anticipait, appelait même l’utilisation des types mobiles et des caractères interchangeables: la calligraphie occidentale est en réalité de la typographie — de la typographie manuscrite.

 

C’est avec des signes réduits à leur plus simple expression que l’alphabet construit ses «cathédrales de papier», des briques patiemment assemblées qui feraient presque oublier leur origine manuscrite. L’art de les assembler, si l’on consent à l’appeler art, a sans doute hérité ses formes de l’écriture, mais c’est avec l’architecture qu’il paraît avoir le plus d’affinités. C’est cet art, si l’on y tient, qu’il convient de comparer à l’art chinois de l’écriture; mais ils sont incomparables. Bien qu’ils expriment tous deux l’âme humaine, ils le font chacun à sa manière: à la manière des deux moitiés d’un même cerveau.

 

Ainsi, ce qui passait d’abord pour une disparité inexplicable se révèle au contraire en parfait accord avec la logique que ces paragraphes ont tenté de dégager.

 


 

Tout édifice repose sur des fondations et cet ouvrage n’échappe pas à la règle. L’idée qui le fonde — qui n’est pas explicitement avouée mais que l’on trouve dans des textes qui lui sont antérieurs (Tch’eng Wang le Fou et Voiles) —, est que l’objet de nos connaissances n’est pas le monde tel qu’il est mais le monde tel qu’il nous apparaît. Autrement dit: ce que nous appelons le réel ce ne sont pas les choses qui nous entourent mais seulement le regard que nous posons sur elles. Cela implique que le mouvement de notre compréhension suive le même chemin que celui de notre appréhension, c’est-à-dire qu’il aille de nous à l’objet que nous appréhendons et non l’inverse.

 

Une deuxième idée, qui fait corps avec la précédente et qui la complète, est que ce mouvement d’appréhension est un geste mimétique, souvent inconscient et qui parfois même n’est qu’à peine esquissé. Un mime en nous agit en permanence, de qui dépend la conscience que nous avons de notre présence au monde. Ces deux points étant admis, tout le reste en découle.

 

 

Soheil Azzam

Mai 2006

 

 

 

 

 
  

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