NOTES SUR TCH’ENG WANG LE FOU

 

 

Quand j’ai commencé à écrire l’histoire de Tch’eng Wang le Fou, je n’avais pas encore vingt-cinq ans, et j’en avais formé le projet deux ou trois ans plus tôt. C’est ce qui explique, sans les excuser, les nombreuses maladresses d’écriture et le manque de maturité de certaines des idées qui y sont exposées.

 

La conception et la réalisation de ce livre m’a occupé du mois de juin 1975 au mois de juin 1980. Cinq ans, à raison de cinquante heures par semaine, pour un ouvrage conçu à l’origine comme un travail de fin d’études à l’école des Beaux-Arts de Genève (renommée entre temps Ecole Supérieure d’Art Visuel) et que je devais en principe achever durant les dix mois que compte une année scolaire. Les gravures qui illustrent cet ouvrage ont été gravées à l’eau-forte sur plaques de zinc et imprimées sur une presse à épreuves typographique. Le texte, composé à la main, a été imprimé sur la même presse durant les dix derniers mois.

 

Dans «Tch’eng Wang le Fou» tout est imaginaire, mis à part quelques détails historiques et quelques personnages que je suis allé chercher, entre autres, dans les «Lettres édifiantes et curieuses de Jésuites en Chine» avec l’espoir de donner un peu plus de réalité à mon récit. Mon rêve aurait été de produire de faux documents et d’arriver à faire croire à l’existence de ce roi, mais la tâche aurait été au-dessus de mes forces, et d’ailleurs d’un intérêt discutable. J’ai voulu qu’il reste quelque chose de ce rêve dans l’ouvrage terminé, d’où l’ambiguïté du titre et de la signature. Charles de Belleville a bien existé, mais j’ignore à peu près tout de lui, si ce n’est qu’il est arrivé en Chine en 1698 et qu’il était Jésuite et architecte. Je ne crois pas qu’il ait laissé d’écrits, en tout cas je n’en connais pas.

 

L’histoire de Tch’eng Wang reflète un certain nombre de préoccupations personnelles plutôt qu’une réelle connaissance de la Chine ancienne. Ma première intention était d’ailleurs de situer cette histoire en Egypte et, à l’origine, ce roi devait être un pharaon «hérétique» à l’image d’Aménophis IV, dont la figure m’avait beaucoup impressionné quand j’avais 15 ans. Très vite je me suis aperçu que le personnage que j’imaginais s’accordait mieux avec la Chine, qui me fascinait depuis plus longtemps encore et dont je commençais à découvrir l’art et la philosophie. Conscient que je serais incapable de créer un personnage vraiment chinois, j’ai décidé de confier le récit de son règne à un missionnaire européen qui, avec la meilleure volonté du monde, ne pouvait le voir qu’à travers le filtre de ses préjugés. Voilà comment est né Tch’eng Wang. Son portrait, placé en tête de l’ouvrage, garde, me semble-t-il, des traces de ses origines pharaoniques.

 

La figure du roi Tch’eng était un prétexte pour exprimer les préoccupations d’un artiste de notre temps. Quelques unes des idées que je lui attribue avaient été miennes entre 18 et 20 ans, et je les soutenais avec véhémence comme on fait généralement à cet âge. Son problème face aux images et aux représentations de toutes sortes était avant tout le mien – et il l’est encore aujourd’hui d’ailleurs. Ce malaise n’a rien de philosophique ni de religieux: nous sommes, depuis plus d’un demi-siècle, sans cesse sollicités, agressés même par des sons et des images de toutes sortes, et nous devons faire un réel effort pour imaginer ce qu’a pu être le besoin d’images au Quattrocento, par exemple, et l’effet que pouvait alors produire sur le spectateur le moindre dessin ou la moindre peinture.

 


 

 

 

(à suivre...)

 
 

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Tch’eng Wang le Fou

 

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Avant-propos (2e partie)

 

Avant-propos 1984

 

36 paragraphes

 

75 nouveaux paragraphes

 

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